Démystification : Les entreprises de l'UE peuvent-elles utiliser des services cloud américains tout en restant conformes au RGPD ?

January 1st, 2025 by Marcin Rabiej

Démystification : Les entreprises de l'UE peuvent-elles utiliser des services cloud américains tout en restant conformes au RGPD ?

Démystification : Les entreprises de l'UE peuvent-elles utiliser des services cloud américains tout en restant conformes au RGPD ?

Depuis des années, l'un des mythes les plus persistants dans les cercles d'affaires européens est : « Si vous stockez ou traitez des données aux États-Unis, vous violez automatiquement le RGPD. »
Cette affirmation est fausse — et dangereusement simplifiée. Décomposons ce que la loi dit réellement et pourquoi des milliers d'entreprises européennes utilisent en toute sécurité des fournisseurs de cloud américains chaque jour.


Mythe 1 : « Le RGPD interdit les transferts de données vers les États-Unis. »

Réalité : Le RGPD n'interdit pas les transferts en dehors de l'UE — il les régule.
Les articles 44 à 50 du règlement décrivent comment les données peuvent légalement circuler vers des pays tiers. L'exigence clé est que les données personnelles restent également protégées après le transfert.

Il existe plusieurs mécanismes juridiques pour y parvenir :

  • Décision d'adéquation : La Commission européenne peut déclarer qu'un pays assure un niveau de protection adéquat.
    ✅ En 2023, le Cadre de protection des données UE–États-Unis (DPF) a accordé le statut d'adéquation aux entreprises américaines certifiées.

  • Clauses contractuelles types (CCT) : Ce sont des engagements contractuels approuvés par l'UE garantissant des protections au niveau du RGPD même sans adéquation. La plupart des grands fournisseurs de cloud américains, tels qu'AWS, Microsoft et Google, incluent par défaut des CCT dans leurs accords de traitement des données.

  • Règles d'entreprise contraignantes (BCR) : Utilisées principalement par les grandes multinationales, ce sont des codes de conduite internes approuvés par les autorités de protection des données.

Ainsi, si votre fournisseur est certifié sous le DPF ou inclut des CCT, votre transfert est légal — à condition que vous ayez complété une évaluation d'impact sur le transfert (TIA) évaluant le risque d'accès par le gouvernement américain.


Mythe 2 : « Les autorités américaines peuvent accéder à toutes les données de l'UE à volonté. »

Réalité : L'accès par les agences de renseignement américaines n'est pas illimité, et la conformité au RGPD concerne l'évaluation des risques, non l'élimination des risques.
Dans le cadre du nouveau DPF, les lois américaines sur la surveillance ont été modifiées pour ajouter des mécanismes de proportionnalité et de recours. Les citoyens de l'UE peuvent désormais se plaindre à une nouvelle Cour de révision de la protection des données s'ils soupçonnent un accès illégal.
Pour la plupart des PME européennes utilisant des outils cloud standard pour les entreprises (CRM, email, analytique), le risque réel d'accès disproportionné est minime — et bien inférieur à ce que suggèrent de nombreuses idées fausses locales.


Mythe 3 : « Pour être conforme, vous devez héberger les données uniquement dans l'UE. »

Réalité : Le RGPD n'exige pas de localisation des données. Le règlement est neutre sur le plan technologique et se concentre sur la protection, pas la géographie.
Ce qui compte, c'est :

  • Vous avez une base légale pour le traitement (Article 6).
  • Vous choisissez des sous-traitants offrant des garanties suffisantes (Article 28).
  • Vous avez des garanties de transfert appropriées (Article 46).

De nombreux fournisseurs basés dans l'UE se contentent de revendre l'infrastructure américaine tout en prétendant à un « hébergement uniquement dans l'UE ». La différence de conformité ne réside pas dans les coordonnées GPS des données, mais dans les contrôles juridiques et la transparence que vous mettez en œuvre.


Que devraient donc faire les entreprises de l'UE ?

  1. Vérifiez les certifications. Vérifiez si votre fournisseur américain participe à la liste du Cadre de protection des données.
  2. Examinez les contrats. Assurez-vous que les CCT ou les clauses DPF sont incluses dans le DPA.
  3. Documentez votre TIA. Conservez une évaluation simple des risques dans vos dossiers.
  4. Appliquez le chiffrement et les contrôles d'accès. Les garanties techniques renforcent votre posture de conformité.
  5. Soyez transparent. Informez les utilisateurs de l'endroit où leurs données sont traitées et pourquoi.

En résumé

La conformité au RGPD concerne la responsabilité, pas le nationalisme.
Les entreprises de l'UE peuvent absolument utiliser des services américains — y compris des plateformes d'IA, des CRM et de l'hébergement cloud — à condition de suivre le cadre juridique et d'appliquer une diligence raisonnable.
Le mythe selon lequel « serveurs américains = violation du RGPD » n'est pas seulement dépassé mais nuisible, décourageant l'innovation et la collaboration mondiale.
Avec les bonnes garanties, les flux de données transatlantiques restent parfaitement légaux, pratiques et respectueux de la vie privée.